La Lettre n° 3 / septembre - octobre 2021

 

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La Lettre n° 3 / septembre - octobre 2021

Publiée le 20 septembre 2021

Editorial
Souffrance au travail, souffrance des usagers de la fonction publique, souffrance des étudiants en période de confinement, souffrance des personnes âgées en EHPAD, souffrance des familles, accompagnement, écoute, empathie, entraide : sont-ils seulement les mots-clés indispensables à citer dans la rédaction du moindre projet médical ou médico-social, des mots à la mode, ou illustrent-ils des prises de conscience et les actions réalistes qui se déclinent concrètement dans le monde de la santé et plus généralement dans la société ? C’est ce que nous allons exposer dans cette Lettre n°3 qui présente le compte-rendu d’un passionnant colloque sur la prévention du suicide lié au travail, la Commission d’entraide du CDOM33, la commission des usagers du CHU et une thèse sur la souffrance des médecins. Ce sont essentiellement les actions concrètes de tentative de résolution de ces problématiques qui seront présentées ici pour illustrer combien la mise en commun des connaissances et des énergies amène à créer des dispositifs qui font tous les jours la preuve de leur efficacité.

Docteur Muriel Rainfray

Docteur Fabrice Broucas

 

Au sommaire :

label_outlineEn provenance des territoires

label_outlineMissions du CDOM 33

label_outlineL'Ethique au quotidien

label_outlineDu côté des thèses

label_outlineKiosque

label_outlineRéunions, colloques

 

En provenance du CHU : la commission des usagers (CDU)

La participation des usagers de l’hôpital à son fonctionnement est une exigence de la loi du 4 mars 2002 qui a institué la commission des relations avec les usagers et la qualité de la prise en charge (CRUQ-PC). La commission des usagers (CDU) l’a remplacée en 2016. Sa principale mission est de veiller au respect des droits des usagers et de faciliter leurs démarches pour exprimer leurs difficultés.
 

Elle examine régulièrement toutes les réclamations faites et informe les usagers sur les droits de conciliation et de recours. Elle formule à la Direction Générale des avis et des propositions sur la politique d’accueil et de prise en charge des personnes malades et de leurs proches. Elle peut également inciter les usagers à proposer des projets.
 

Elle est composée du représentant légal de l’hôpital, d’un médiateur médecin, d’un médiateur non-médecin et de représentants des usagers, tous astreints au secret professionnel.
 

La CDU du CHU de Bordeaux est dirigée par le Directeur Général des soins, elle comprend 2 médiateurs, médecin et non médecin, leurs remplaçants ainsi que 3 représentants des usagers.
 

Lorsqu’une réclamation ou un signalement arrive à la CDU, le service hospitalier concerné est sollicité pour fournir les explications demandées et le patient est informé de son droit à consulter son dossier médical. Lorsque la réponse apportée par le service ne satisfait pas le patient ou que la situation est complexe, impliquant plusieurs équipes de soins, une médiation est proposée. Son but est d’écouter l’usager, de lui fournir le plus d’explications possible sur la situation qu’il dénonce, sur le fonctionnement de l’hôpital qui est parfois difficile à comprendre, de reconnaître les erreurs faites et de l’informer sur les voies de recours ultérieur qui sont à sa disposition. Le patient peut être accompagné d’un représentant des usagers ; le médiateur peut solliciter la présence des médecins du service mis en cause. Le compte-rendu de la médiation est transmis en retour aux services concernés dans le but d’améliorer les prises en charge. Un dispositif de pré-médiation est également mis en place dans les services. Il a pour but de former les équipes soignantes à instaurer le dialogue avec les patients et leur entourage pour désamorcer les conflits.
 

Un rapport annuel est présenté au Directeur Général du CHU en CME.
 

Des réunions régulières permettent aux membres de la CDU de passer en revue les réclamations ayant fait l’objet d’une médiation et de travailler ensemble les projets proposés par les représentants des usagers : amélioration de l’accueil, formation de patients-partenaires, Université des patients…

Docteur Muriel Rainfray, médiatrice médicale de la CDU

Missions du Conseil départemental de la Gironde de l'Ordre des médecins

La commission d’Entraide du Conseil de l’Ordre des Médecins de Gironde

Docteurs Philippe Veaux, Nathalie Lajzerowicz, Habib Sangaré, Muriel Rainfray
 

Le Conseil de l’Ordre des Médecins est une Institution qui a évolué au même titre que la profession et que la société. Au départ, le CDOM était surtout garant du bon fonctionnement de la profession. La vie des médecins s’est quelque peu compliquée et l’entraide s’est développée, pas seulement financière comme elle pouvait l’être il y a encore quelques années, mais de plus en plus axée sur les problèmes de santé, d’addictions, d’épuisement professionnel, de difficultés administratives, de dissensions entre confrères, de plaintes qui se sont accrues ou même d’agressions de la part de patients.
 

C’est important de demander de l’aide quand on se sent en difficulté, et ne pas hésiter à le faire très tôt. Imprégné de l’image du médecin fort devant l’adversité, résistant à toutes les épreuves, faisant face à la mort, à la maladie de ses patients, à l’écoute dans toutes les situations, le praticien a du mal à s’avouer ? vulnérable. En réalité, il vaut mieux partager ses difficultés avec ses confrères et consoeurs. Certains médecins le font certes de façon informelle, entre 2 portes, d’autres gardent leurs soucis pour eux, alors qu’il s’agirait de rechercher des réponses, des solutions que tout(e) seul(e), on n’arrive pas à envisager.
 

La Commission d’Entraide a pour objectif de répondre à chaque appel à l’aide, écouter le médecin, l’accompagner. Elle se donne aussi pour mission d’aider ceux qui n’osent pas communiquer leur détresse, mais qui le font indirectement (demande d’exemption de garde, recherche de remplacement pour un arrêt de travail long, demande d’adjonction d’un conseiller ordinal lors d’une conciliation…). C’est aussi le devoir de tout médecin quand il voit un confrère en difficulté de se manifester en proposant son aide, ou d’indiquer cette ouverture de la Commission d’Entraide qui est à sa disposition.
 

Actuellement, 20 dossiers sont en cours d’étude à la Commission d’Entraide. Celle-ci s’est étoffée, passant de 5 membres parmi les Conseillers ordinaux en 2018 à 8 membres en 2021. Lorsqu’une demande d’entraide est formulée par un médecin auprès du Conseil de l’Ordre, la secrétaire dédiée transmet directement au Président de la Commission d’Entraide : Dr Philippe VEAUX. Celui-ci prend contact le jour même avec l’appelant pour faire le point. Il propose ensuite selon le cas le dossier à un binôme de la Commission pour travailler en synergie sur chaque demande d’entraide. Il sera proposé au praticien concerné des entretiens et éventuellement un accueil physique au Conseil, pour une recherche de solutions les plus adaptées. Puis le dossier est anonymisé, pour que la confidentialité soit respectée si la décision nécessite une validation en séance plénière mensuelle du Conseil (notamment en cas d’attribution de subventions).
 

Empathie et confidentialité sont les bases de ce lien qui est noué entre l’appelant et les membres de la Commission puis de l’accompagnement qui est proposé. Il s’agit de favoriser l’émergence de solutions qu’elles soient administratives, organisationnelles, financières, familiales, ou psychologiques.
 

Sur le plan psychologique, cela peut aller de la fatigue aux idées noires, en passant par la démotivation, la perte de sens de son travail, la dépression ou les addictions.
 

Un exemple : Une jeune femme médecin, travaillant dans un cabinet de groupe, a contracté la Covid puis s’est sentie particulièrement épuisée, n’arrivant plus à faire face aux patients eux-mêmes malades et, en situation de fragilité, a développé une dépression et s’est arrêtée de travailler depuis bientôt 1 an. Elle doit néanmoins faire face aux sollicitations de la population de sa petite commune qui la presse de reprendre son travail car elle a besoin d’elle. La Commission d’Entraide s’est mise en lien avec le médecin Conseil de l’Assurance Maladie, pour lui permettre de partir en vacances hors territoire. Le Dr Veaux a transmis son dossier à l’Entraide du CNOM pour débloquer une aide financière pour faire face aux charges du cabinet. Des entretiens téléphoniques réguliers ont permis à cette consoeur de se sentir comprise et soutenue.

Un autre exemple, également dans un cabinet de groupe, dont l’un partait à la retraite et allait avoir un successeur. Un des autres médecins, alors qu’il ne donnait aucun signe de détresse ou de risque de passage à l’acte, s’est brutalement suicidé dans le cabinet. Les deux autres ont trouvé en arrivant le matin le cabinet plein avec toute la patientèle du médecin décédé. Ils ont immédiatement appelé le Conseil de l’Ordre pour signaler cette situation, demander de l’aide pour un remplacement d’urgence et s’enquérir d’un soutien psychologique pour les membres de ce cabinet. La Commission d’Entraide s’est mise en lien avec la cellule d’aide psychologique d’urgence dédiée aux médecins (basée au Centre Hospitalier Charles Perrens depuis un an). Le successeur pressenti a renoncé à intégrer ce cabinet. Le CDOM a pu valider en urgence un contrat de collaboration avec un nouveau médecin. Là aussi des entretiens hebdomadaires téléphoniques par la Commission d’Entraide ont pu soutenir les confrères de ce cabinet.

Un 3ème exemple est celui d’un médecin qui, ne supportant plus les gardes de nuit inhérentes à son secteur d’activité et le surmenage lié au type de patientèle, avait progressivement depuis des années développé une addiction aux anxiolytiques puis, depuis près d’un an, une addiction à l’alcool absorbé le soir pour dormir. Son état avait été signalé au Conseil de l’Ordre par des patients. La Commission d’Entraide l’a pris en charge et orienté vers un accompagnement addictologique de plusieurs mois, réalisé pendant un arrêt de travail prolongé. Cela a permis son sevrage des deux substances lesquelles ? et son changement de cabinet pour un exercice en groupe plus régulé et moins prenant. Ce médecin a pu retrouver une sérénité et un équilibre de vie compatibles avec son métier.

Un 4ème exemple : une consoeur généraliste consulte et a reçu une patiente qui était en procédure de divorce. A la fin de la journée, l’ex- mari de celle-ci arrive dans le cabinet, en exigeant de donner sa version des faits. Devant le refus de la consoeur de le recevoir, il l’insulte et la menace physiquement et verbalement. La consoeur choquée fait appel au Conseil de l’Ordre. La Président de la Commission d’Entraide l’a aidée à déposer plainte en l’informant que des créneaux spécifiques étaient réservés aux soignants et le CDOM s’est associé à la plainte, en son nom propre, afin d’accélérer la procédure. Un accompagnement téléphonique a été mis en place pour soutenir ce médecin.


On le sait, les médecins travaillant seuls sont plus à risque de développer un burn-out lié à leur charge de travail. Ils sont aussi ceux dont le repérage des difficultés est le plus difficile : ils ne se plaignent pas, continuent d’avancer coûte que coûte et n’ont pas de confrères pour les soutenir professionnellement ou psychologiquement, ni pour être vigilant aux signes éventuels d’épuisement ou de détresse. Une maladie grave, un divorce ou une rupture d’installation peuvent être des situations à risque qui remettent en question un équilibre déjà fragilisé par la fatigue et la charge mentale inhérentes au métier.

Même lorsque l’exercice en groupe permet théoriquement d’être moins isolé, la pression et la surcharge de travail, aggravées par le contexte Covid, sont telles que le temps manque pour « se poser ». S’ajoute à cela que les ressources possibles sont peu connues : ainsi le rôle de la Commission d’Entraide est insuffisamment communiqué et les Associations d’aide, d’écoute et d’orientation disponibles sur le territoire, travaillant en lien avec les CDOM, sont également méconnues.
 

Pour le Grand Sud-Ouest, l’Association MOTS relaie la Commission d’Entraide lorsque des entretiens psychologiques longs sont nécessaires. Son action est basée sur la confidentialité absolue et elle propose des prises en charge par des psychologues ou psychiatres ou encore des Cliniques de soins dédiées aux professionnels de santé qui peuvent se trouver dans d’autres régions selon le souhait des appelants. Son action est aussi de faire le lien avec le service social du CNOM en cas de nécessité d’une aide financière importante. La subvention qui pourra être allouée au médecin, sera pour moitié issue du CNOM et pour moitié du CDOM d’affiliation.
 

Le CNOM a mis en place un numéro vert : Les choses se sont améliorées sur le plan national avec toutes les Associations d’aide à disposition des praticiens en difficulté. En Gironde, l’Association MOTS, qui fonctionne depuis 2014, qui est très bien organisée pour nous aider. Quel que soit le problème - un conflit entre confrères, un problème financier, de santé ou psychologique - l’appelant obtient une écoute 24h/24, par une assistante formée spécifiquement et qui va l’orienter vers un médecin effecteur de l’Association d’Aide. En cas de troubles psychologiques, et en particulier de risque suicidaire, une aide immédiate est apportée par celui-ci. Le dossier constitué est crypté et le nom du médecin appelant n’apparaitra pas. Des propositions concrètes sont formulées, et un accompagnement efficace est mis en place : ce peut-être une écoute téléphonique réitérée, ou des consultations en visioconférence, et réalisées par un effecteur du même département ou d’un département voisin, selon la préférence de l’appelant. S’il y a urgence, une hospitalisation en Clinique de Soins aux Soignants sous couvert d’anonymat et dans une autre région au choix de l’appelant, sera facilitée. La première structure hospitalière dédiée a vu le jour il y a déjà plusieurs années : il s’agit de la Clinique Belle Rive à Villeneuve-les-Avignon dans le Gard, qui fait figure de référence, mais plus d’une dizaine sont maintenant en activité en France.
 

Pour la Gironde, c’est le médecin effecteur de l’Association MOTS qui suggèrera au confrère en difficulté de se mettre lui-même en contact avec la Commission d’Entraide du CDOM si cela s’avère utile, en le rassurant totalement sur la gestion anonymisée et bienveillante de sa situation. C’est le cas pour l’aide à la résolution de conflits entre confrères ou une aide juridique face à la plainte d’un patient ou la mise en œuvre d’un remplacement urgent ou encore l’aide financière immédiate en cas de problèmes graves de santé. Il s’agira alors d’aider le médecin à effectuer les démarches nécessaires et de faciliter la mise en œuvre de solutions. Mais le relais peut être aussi effectué par les membres de la Commission d’Entraide en cas de problèmes psychologiques, d’épuisement ou d’addiction…. lorsque ses problématiques touchent très profondément l’intime, le praticien peut préférer appeler directement l’Association MOTS, pour un accompagnement exclusif.
 

Le CDOM doit être au plus près du terrain, l’important est d’avoir un maillage de proximité qui permette à chacun d’avoir accès à l’aide dont il a besoin. Parmi les 13 membres de la Commission d’Entraide, il y a des médecins généralistes, spécialistes, des libéraux, des hospitaliers, dont certains sont formés aux Soins aux Soignants, addictologues, ou psychiatre, et sont répartis sur tout le département (cf carte : secteurs d’Arcachon, Bordeaux, Créon, Castillon, Blaye, Langon…). L’Entraide peut comporter un simple conseil téléphonique, qui permet de rassurer ou transmettre une information utile, elle peut prendre la forme d’un accompagnement à constituer un dossier d’aide financière, ou encore d’une écoute approfondie et réitérée, et une orientation vers un soutien psychologique….
 

Ce peut être aussi une aide à signaler une agression subie : Le Dr Philippe Veaux, Président de la Commission d’Entraide est aussi le responsable de la Commission Sécurité du CDOM depuis 2018. Il instruit chaque année 40 signalements d’agressions de patients envers des médecins survenus en Gironde. On sait que seuls 10 % des cas d’agressions sont signalées, ce qui donne une idée de la fréquence de ces faits, surtout en secteur libéral et dans les secteurs hospitaliers de gériatrie et des urgences. Un contact téléphonique est établi le jour même, et permet de rassurer et d’éviter un sentiment de culpabilité du médecin, de transmettre les conseils relatifs à l’attitude à adopter dans cette situation, les modalités de dépôt de plainte. Désormais dans chaque commissariat ou gendarmerie, il existe un référent formé, dédié à la réception des plaintes des soignants.
 

L’évolution de notre société vers l’exigence et l’immédiateté, l’intolérance à la frustration (face à des délais d’attente, au refus d’un certificat, d’un arrêt de travail ou d’un traitement, ou même une parole du praticien mal perçue) génère des difficultés supplémentaires à l’exercice de notre métier. Là aussi l’écoute est primordiale, dans ces situations particulièrement préjudiciables pour la motivation à exercer des médecins, quelle que soit leur ancienneté dans la profession. Au-delà de cela, la sensibilisation collective des médecins pour signaler les faits de ce type, va contribuer on l’espère, à ne pas laisser se dégrader le respect dû aux praticiens dans leur exercice professionnel. Depuis plusieurs années, le parquet est de plus en plus vigilant à ces situations et conscient de la nécessité d’aider la profession. Le CDOM, très présent sur ces dossiers, s’associe régulièrement aux plaintes déposées, dans l’esprit de défendre la profession.
 

Nos perspectives :

Au-delà de tout ce qui a été décrit dans cet exposé, la crise sanitaire a durement éprouvé les soignants qui ont dû faire face aux angoisses, ou à la maladie, de la population fortement impactée, et se sont impliqués de plus dans la campagne de vaccination. Il est donc urgent d’ouvrir des espaces de parole aux médecins, pour leur permettre de verbaliser leurs difficultés, et également leur apporter les informations utiles sur les aides possibles.
 

D’où l’idée, initiée au sein de la Commission d’Entraide, de développer « l’aller vers ». La Commission va structurer avec l’ensemble de ses membres un maillage territorial, sous la forme de groupes d’expression dédiés aux praticiens organisés successivement sur tout le territoire. Il sera proposé aux médecins généralistes dans un premier temps. Cela doit permettre non seulement d’assurer la fonction de soutien de la Commission, mais également de réaliser un recensement des difficultés qui pourraient être remontées au CNOM et constituer autant de signaux d’alerte face à l’évolution de nos conditions d’exercice.

Un premier groupe sera animé par les Drs Habib Sangaré et Nathalie Lajzerowicz, formés au DIU Soins aux Soignants, et aura lieu à l’Hôpital Suburbain du Bouscat, à l'automne. La communication en sera annoncée par mailing du CDOM en septembre.


Les Associations d’Aide et d’Orientation en France
 

Le Conseil national de l’Ordre des médecins a également signé une charte de coopération avec un réseau d’associations de proximité pour venir en aide aux médecins, au plus près de leurs besoins :

L’Association MOTS, Organisation du Travail et Santé du Médecin, www.association-mots.org , 0 608 282 589

Mais aussi d’autres associations réparties sur le territoire :

  • ASRA, réseau d’aide aux soignants de Rhône-Alpes, 0805 62 01 33
  • ARENE, Association Régionale d’Entraide du Nord-Est, 0 805 250 400
  • ASSPC, Association Santé des Soignants en Poitou-Charentes, 0 820 860 016
  • ERMB, Entraide Régionale des Médecins de Bretagne, bretagne@crom.medecin.fr, 02.99.36.83.50
  • APSS, Association pour les Soins aux Soignants, 0 826 004 580

 

La Commission d’Entraide de Gironde

Président : Dr VEAUX Philippe

Conseillers titulaires : Dr BROUCAS Fabrice, Dr DUPONT-BISCAYE Catherine, Dr GLEDINE Christian, Dr LABADIE Bénédicte, Dr LAJZEROWICZ Nathalie, Dr RAINFRAY Muriel, Dr SANANES Jean-Christophe, Dr SANGARE Habib, Dr SAURA Laurent, Dr THOMSON Wendy

Conseillers suppléants : Dr AHOUANDJINOU Joseph, Dr BRUNOT Claire, Dr LACHER-FOUGERE Stéphane, Dr ROLLIN Bruno
 

Assister et aider nos confrères

Au-delà d'une obligation morale, l’assistance aux confrères dans l’adversité est une obligation déontologique comme le souligne l’article 56 du code de déontologie médicale. L’entraide confraternelle est d’ailleurs l’une des missions dévolues à l’Ordre des médecins par le code de la santé publique. L’entraide s’adresse à tous les médecins ou internes inscrits au tableau de l’Ordre qui rencontrent des difficultés, qu’elles soient ponctuelles ou durables : difficultés financières, sociales, professionnelles, personnelles ou relatives à leur état de santé. Elle s’adresse aussi à leurs familles et à leurs ayants-droit. L’entraide ordinale n’est pas seulement financière et compassionnelle : c’est une prise en charge globale des difficultés du médecin, qu’elles soient d’ordre financier, juridique, administratif, organisationnel ou médical.
 

Un numéro gratuit d’écoute et d’assistance

Les médecins et les internes en difficulté peuvent également joindre le :
0800 288 038, un numéro vert gratuit et anonyme, mis à leur disposition par le Conseil national de l’Ordre des médecins, dans le respect de la confidentialité et du secret médical. Disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ce service d’écoute téléphonique oriente le médecin vers l’organisme adéquat :

  • son conseil départemental de l’Ordre des médecins
  • une association d’entraide
  • le service Entraide du Conseil national de l’Ordre des médecins
  • un établissement de soins
  • ou toute autre structure utile.

L’orientation et le suivi du médecin se font dans le respect plein et entier de son libre choix.

L'éthique au quotidien

En direct du Colloque Suicide et travail, parlons-en. le 10 septembre 2021

Le suicide associé au contexte professionnel est un sujet complexe qui reste difficile à étudier. Introduit par Madame Bénédicte Motte, directrice départementale Gironde de l’ARS-NA, ce colloque organisé par l’association Rénovation* a fait intervenir des professionnels d’horizons différents (médecins, psychologues, juristes) qui ont exposé les liens entre risques psychosociaux au travail et risque suicidaire et ont présenté plusieurs types d’actions de prévention.
 

*Comme présenté dans la Lettre n° 1, l’association Rénovation est chargée depuis 2012 par l’ARS, délégation départementale, de mettre en place des actions de prévention du risque suicidaire sur le territoire.

Prévention du suicide par une communication adaptée. Programme PAPAGENO : le suicide parlons-en mais pas n’importe comment. Mesdames Eloïse Bajou et Monica Messina ont commencé par déconstruire quelques mythes encore très présents dans notre société : on tente de se suicider pour faire parler de soi - On ne peut pas prévoir un suicide - Il existe une cause unique et facilement identifiable (mythe souvent relayé par la presse) – devant (après) un suicide, on ne peut rien faire.
 

Or il est essentiel de bien intégrer le caractère multifactoriel du suicide. Il y a bien sûr toujours un élément déclenchant mais il ne fait que révéler une fragilité liée à de multiples facteurs de risque individuels, familiaux ou psychosociaux. Considérer le facteur déclenchant comme la cause unique du suicide est une erreur qu’il faut combattre. On distingue deux types de suicides : les suicides en grappe localisée qui sont limités dans le temps et l’espace et les suicides en grappe de masse, non circonscrits dans le temps et l’espace. On appelle effet Werther la survenue de suicides qui relèvent du même mode opératoire ou surviennent dans les mêmes circonstances que celui d’un personnage connu (Werther, Marilyn Monroe) ou à la suite de livres évoquant des modes de suicide. Ce sont les suicides en grappe de masse qu’on peut prévenir le plus facilement en améliorant la communication qui est faite autour du suicide. La prévention sert au collectif et à l’individuel. Le programme PAPAGENO vise à démarcher les journalistes, les auteurs de fiction ou les entreprises pour leur expliquer comment parler du suicide et en limiter la contagion, la sémantique étant très importante pour rendre compte de la complexité du suicide. Des fiches pratiques sont là pour aider à structurer le dispositif dans les entreprises.


@PapagenoSuicide sur les réseaux sociaux – languagewww.papageno-suicide.com

Guide : Evènements traumatiques sur le lieu de travail (Jean-Luc Douillard)

Souffrance de l’entrepreneur et rôle de la justice

Dans les tribunaux de commerce, les greffiers et les juges entendent de nombreux entrepreneurs, venus déposer le bilan de leur entreprise, tenir des propos suicidaires. C’est ainsi qu’est née APESA (aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance), créée par Jean-Luc Douillard, psychologue clinicien, et Marc Binnie, greffier au Tribunal de Commerce de Saintes. Il s’agit d’un dispositif national qui permet à tout chef d’entreprise qui en a besoin de bénéficier d’une prise en charge active, proche de chez lui, assurée par des psychologues spécialisés. APESA forme les sentinelles, structure le réseau de psychologues, crée des outils de déclenchements des alertes, de suivi des prises en charge et de communication. La formation de sentinelles de proximité pertinentes : juges, mandataires, experts comptables, greffiers des tribunaux et des chambres de commerce… capables de reconnaître les signaux de souffrance morale et de repérer la crise suicidaire est nécessaire car la souffrance patronale est absente de tous les manuels d’économie, de comptabilité, de procédure civile ou de psychologie. « Je demande la liquidation judiciaire de mon entreprise mais je ne vois plus mon conjoint, mes enfants sont partis et je sais ce qu’il me reste à faire… » Il leur faut aussi apprendre à convaincre la personne qui va mal de se faire aider.
 

L’alerte peut être déclenchée par une simple question du style « et vous personnellement comment allez-vous ? »
 

Le système est gratuit et très réactif : alerte donnée par une sentinelle, appel téléphonique (ou visite) d’un psychologue dans les heures qui suivent pour désamorcer la crise, si besoin proposition d’une prise en charge de 5 entretiens par un psychologue proche du domicile du chef d’entreprise.
 

Depuis sa création 6000 alertes ont été données, 4000 chefs d’entreprise ont bénéficié du dispositif, 40% des suicides ont été évités par ce dispositif de prévention.

Rapide, proactif, gratuit, confidentiel, le dispositif repose sur un réseau travaillant sur le long terme. Il illustre l’importance de conjuguer économie, santé et justice et le fait que la prévention du suicide ne concerne pas que le monde de la santé mais la société tout entière.

Numéro vert 0805 65 50 50, application APESA sur smartphone.

Association MOTS

Créée par les docteurs Loïc Solvignon et Emmanuel Granier, cette association est bien connue de la commission d’entraide du CDOM33 qui lui adresse régulièrement des médecins en difficulté. Son but est de prévenir le risque suicidaire des soignants grâce à un accompagnement global dédié.
On dispose de peu de données sur les décès des médecins par suicide. On sait par l’étude Léopold (2003) que le risque relatif est de 2,5 chez les libéraux par rapport aux autres médecins et plus récemment la Fondation Jean Jaurès a montré 3 fois plus de suicide chez les internes que dans la population du même âge. La prédominance est féminine. Les principales spécialités concernées sont l’anesthésie-réanimation, la psychiatrie et la médecine générale. Les facteurs de risque sont bien connus : surcharge de travail, idéaux mis en brèche par le peu de moyens, déception et culpabilité en cas d’erreur médicale ou de survenue d’accidents graves liés aux soins. La population médicale est caractérisée par un recours faible et tardif aux soins, des difficultés à se reconnaitre en position de souffrance, à demander de l’aide. Des stratégies d’adaptation sont fréquentes : auto-prescription, addictions…
La confraternité est très importante pour repérer les moments de fragilité professionnelle, oser aborder son confrère et lancer l’alerte.

La création d’USPS (unités de soins pour soignants) s’est révélée pertinente pour prendre en charge cette population particulière par son rapport à la maladie, permettant de développer une approche globale, systémique et réflexive.

Le colloque s’est terminé par une table ronde : Ressources humaines et santé. Quel travail en perspective ?

Dr Chantal Bergey (psychiatre, Charles Perrens), Laurent Tournier (Union des métiers et industrie 33), Cristiana Mitranescu (directrice d’EHPAD), Jean-Luc Vergne (ancien DRH), Nathalie Gréard (psychologue du travail, CHU Bordeaux), Dr Catherine Verdun-Esquer (Service Santé- Travail, CHU Bordeaux).
 

Le travail peut être un facteur positif mais aussi le théâtre d’une souffrance morale importante. L’entreprise a un rôle social primordial, on y passe souvent plus de temps que chez soi. Il est ressorti de ces échanges que les entreprises manquent cruellement d’outils de diagnostic du désarroi des travailleurs. Les 5 suicides survenus chez PSA à Mulhouse en 2007 concernaient des travailleurs bien notés, très investis dans leur travail et aucun signal d’alarme n’avait été détecté par leur entourage professionnel, a fortiori par le DRH qui reconnait avoir été longtemps dans le déni de l’existence du stress au travail. L’absence de reconnaissance exprimée par la hiérarchie s’est révélée être un des facteurs déclenchants. Malgré la vague des 46 suicides chez France Télécom, pour l’instant aucune réflexion d’envergure n’a été menée dans les entreprises. Les complications et le stress amenées par le COVID dans la restauration ne semble pas avoir conduit les restaurateurs au suicide mais des conduites addictives se sont développées amenant l’Union des métiers et industrie 33 à organiser une journée de sensibilisation aux addictions dans l’entreprise.
 

En EHPAD, si les soignants se sont fortement mobilisés lors des deux premiers confinements, la durée de la crise, la prolongation des mesures sanitaires, les relations parfois tendues avec les familles qui en découlent entrainent une grande fatigue et un manque de plaisir à travailler. Heureusement la reconnaissance des résidents et de leurs familles permet de retrouver un sens au travail.

Pour les psychiatres, le suicide d’un patient, a fortiori d’un soignant, renvoie inéluctablement à un sentiment d’échec. Lors de la première vague COVID, la disparition des patients aux urgences psychiatriques a amené les équipes à mettre en place un numéro d’écoute COVID-PSY 33 qui a été plébiscité. Des maraudes ont été organisées lors du second confinement à Bordeaux chez les commerçants qui étaient encore ouverts. Dans la période actuelle où la souffrance des étudiants et de nombreux professionnels est patente, il faut trouver les moyens d’intervenir précocement dans la santé mentale avant d’aller vers la psychiatrie.

Dans les perspectives envisagées par cette table ronde, les conséquences psycho-sociales du télétravail et de la reprise du travail en présentiel devraient faire l’objet d’études et d’actions préventives.

Docteur Muriel Rainfray

Du côté des thèses

« Spécificités des comportements personnels de santé et d’accès aux soins des médecins généralistes en Gironde »

Un travail universitaire a été mené par Anna Kerven (thèse médecine, Université de Bordeaux, 2019), dirigée par les docteurs Nathalie Lajzerowicz et Philippe Veaux, Conseillers ordinaux et membres de la Commission d’Entraide : « Spécificités des comportements personnels de santé et d’accès aux soins des médecins généralistes en Gironde ».
 

Il s’agit d’une étude transversale observationnelle menée auprès des médecins généralistes thésés inscrits au CDOM de la Gironde et installés en médecine libérale. Des auto-questionnaires anonymes informatisés ont été envoyés par e-mailing du CDOM à 2237 adresses.
 

Résultats : 1834 mails ont été ouverts. 236 questionnaires exploitables ont été recueillis et analysés, soit un taux de participation de 13%.
 

52% des médecins ayant présenté des problèmes de santé dans l’année écoulée, avaient renoncé à bénéficier d’un arrêt de travail alors que leur état de santé le justifiait. Si on retrouvait une auto-évaluation de leur état de santé générale favorable, leur état psychologique était moins bien noté. Ainsi, 86% des médecins considéraient que le surmenage professionnel et les difficultés psychologiques touchaient particulièrement la profession médicale. 63% de l’échantillon avait présenté au moins un signe de difficultés psychologiques dans l’année écoulée et 40% avait ressenti le besoin d’être aidé pour y faire face. Le recours aux médicaments psychotropes concernait 32% de la population et dans 90% des cas, les médecins étaient auto-prescripteurs.
 

Seuls 24% des médecins répondants avaient déclaré un médecin traitant autre qu’eux-mêmes.
 

86% des MG n’avaient jamais consulté de généraliste dans l’année écoulée. Le recours aux médecins spécialistes était à l’inverse beaucoup plus fréquent et concernait 70% d’entre-eux. Cinquante-cinq pour cent des répondants avaient déjà renoncé à consulter un confrère par manque de temps.
 

Dans les solutions pour un meilleurs accès aux soins, la formation de médecins spécifiquement dédiés aux soins des autres soignants, semblait judicieuse pour plus de 50% des répondants. La création de structures de soins dédiées spécifiquement aux médecins, et le projet de consultations annuelles de médecine préventive suscitaient de l’intérêt pour respectivement 71% et 61% des médecins.
 

Conclusion : Au cœur du système de soins en tant qu’acteur, la position du médecin généraliste en tant que patient reste à améliorer. La consultation d’un confrère reste du domaine de la spécialité et les rapports entre médecin-patient et médecin-soignant semblent constituer une véritable problématique à résoudre. Le surmenage professionnel et la détresse psychologique touchent nettement la profession mais des perspectives d’évolution favorable se dessinent notamment grâce aux Associations d’aide aux Professionnels de santé, aux commissions d’Entraide départementales et à l’intervention du CNOM.

Kiosque

Ramond de Carbonnières. Savant des Lumières, inventeur des Pyrénées - Jacques Battin Ed. Fiacre, 2021, 222 pages, 25 Euros.

Louis Ramond de Carbonnières (1775-1827) fut un savant en minéralogie et botanique, mais aussi un homme politique que l’Empire fera baron et préfet. Il est considéré comme l'un des premiers explorateurs de la haute montagne pyrénéenne, pouvant être qualifié d’inventeur des Pyrénées.
Il n’est pas étonnant que Jacques Battin, lui-même pyrénéiste averti, lui consacre une biographie qui, sans ignorer l’homme politique, l’écrivain, le savant ou le dessinateur-graveur fait la part belle au montagnard, au géologue et au botaniste. Le médecin ne pouvait manquer d’évoquer aussi l’anthropologue et le thermaliste.
On comprend que l’auteur n’hésite pas à trouver Ramond génial, au sens donné par Voltaire : génial est celui qui apporte la lumière, alors que tant d’autres sont dans l’obscurité.
Docteur Michel Colle

Enquête au pays des Antivax - Olivier Jourdain
Ed. Plon, 2021, 264 pages, 19 Euros.

Le Dr Olivier Jourdain, chirurgien gynécologue à la clinique Jean-Villar, n’hésite pas à déclarer : « Je ne suis pas un écrivain, même si j’ai écrit un livre ». Pas écrivain, peut-être ; mais bien utile, certainement !

Le thème ? Le mouvement antivax, identifié par l'OMS comme une des dix principales menaces pour la santé de l’humanité.

A l'heure de l'épidémie de COVID, cette question est devenue centrale. La réflexion du Dr Jourdain a puisé ses sources dans la vaccination HPV qu’il a particulièrement étudiée. Les inventeurs de vaccins ont toujours été confrontés à de fortes résistances et hésitations : naturalisme, malthusianisme, prônant la régulation de la démographie, études frauduleuses affirmant que le vaccin HPV induit des cancers du col de l'utérus, débats sur l'aluminium, perte de confiance dans les autorités sanitaires et gouvernementales, conspiration supposée entre les grandes firmes pharmaceutiques, l'Organisation mondiale de la santé et les États...

Puisant dans l'Histoire, la philosophie et les faits actuels, le Dr Olivier Jourdain décrypte, sous la forme d'une enquête, comment nous en sommes arrivés là : dans un monde où d'autres pandémies surviendront très probablement, il est essentiel de prendre en compte ce phénomène et lutter contre les peurs et les rumeurs sans fondements.

Dr Michel Colle

Réunions colloques




Journées du SML à Nice : les 1, 2 et 3 octobre 2021


Congrès de la SFORL à Paris : les 1, 2 et 3 octobre 2021


Rencontres Hippocrate 4 octobre 2021 : la nouvelle loi de bioéthique - panorama, perspectives juridiques et éthiques. Bérangère Legros (MCU Lille). languagePré-inscription obligatoire


Congrès de psychotraumatologie à CH Perrens : les 14 et 15 octobre 2021, picture_as_pdfProgramme


15eme congrès de la Société Française de Tabacologie : 25-26 novembre 2021 à Reims, mail_outlinecontact
 

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