La Lettre n° 5 / janvier - février 2022

 

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La Lettre n° 5 / janvier - février 2022

Publiée le 20 janvier 2022

Editorial

L’année 2021 a été marquée par le renouvellement du conseil (élections du 7 février) qui a contribué à sa diversification : parité acquise et ouverture vers le monde hospitalier. Plus de 700 inscriptions ont été enregistrées dont celles des Docteurs Juniors, issus de la réforme des DES, qui doivent avoir soutenu leur thèse avant d’attaquer la phase de consolidation qui leur permet de valider leur spécialité. L’activité de la commission des plaintes et doléances s’est accrue rendant compte de l’extrême exigence de la société vis-à-vis du corps médical et reflétant l’image de sa fragilisation par la pandémie du Covid-19. Dans le prolongement des actions de la commission d’entraide, une commission de lutte contre les violences faites aux médecins se met en place pour contribuer à la quantification du phénomène, soutenir et accompagner les médecins agressés.

L’année 2022 sera celle du changement. Une nouvelle page dans l’histoire du Conseil se tournera en effet puisqu’il quittera définitivement la prestigieuse adresse du 160 rue du Palais Gallien pour rejoindre, avant la fin de l’année, les bords de la Garonne. Cette décision a été motivée par l’ampleur et le coût des travaux qu’il aurait fallu réaliser pour mettre aux normes de sécurité et d’accès au public cet ancien hôtel particulier auquel beaucoup de médecins girondins étaient très attachés.

A l’heure où l’on perçoit les prémices d’une sortie de l’épidémie de Covid-19, nous souhaitons à toutes nos consœurs et tous nos confrères une belle et heureuse année 2022 et les assurons de notre présence à leurs côtés.

Docteur Fabrice Broucas, Président

Docteur Christian Glédine, Secrétaire Général

Docteur Muriel Rainfray, Vice-Présidente

 

Au sommaire :

label_outlineEn provenance des territoires

label_outlineL'Ethique au quotidien

label_outlineKiosque

label_outlineRéunions, colloques

 

En direct du Conseil Départemental de Gironde


Le Conseil Départemental de Gironde lance une campagne de recrutement de médecins


Vous êtes médecin, pédiatre, généraliste, médecin de santé publique et vous souhaitez travailler en équipe et vous engager pour donner une dimension humaine et sociale à votre travail ?

Le Département de la Gironde vous offre un métier pluridisciplinaire, tout en ayant une sécurité d’emploi, un accès facilité à la formation continue et des conditions de travail conciliables avec une possibilité de contrat de vacataire.

Retrouvez le témoignage de Dorothée CAMOU, médecin de PMI enfance  ondemand_videoVidéo

Échange avec Dorothée CAMOU, médecin de PMI enfance
 
Que fait un médecin de Protection Maternelle Infantile (PMI) ?

« Une des caractéristiques de la fonction de médecin de PMI c’est l’absence de routine. Les missions du médecin de PMI sont multiples, on enchaine les consultations, on travaille en équipe et avec de multiples partenaires. »
 

Une journée avec un médecin de Protection Maternelle Infantile

« Lors d’une journée, je peux consulter toute la matinée. Je vois alors des enfants accompagnés de leur(s) parent(s). Je prends le temps d’écouter les parents, de répondre à leurs questions, d’observer la relation parents-enfant, d’observer l’enfant qui joue sur un tapis ou qui marche, qui parle et interagit avec ses parents ou avec moi.

Après la consultation, je contacte les professionnels médicaux ou paramédicaux afin de compléter la prise en charge de l’enfant et de ses parents. Il peut s’agir, par exemple, d’une orthophoniste et d’un pédopsychiatre qui suivent un enfant que j’avais orienté pour un retard de langage et des troubles du comportement, afin de faire un point sur son évolution. »
 

Pourquoi ce métier ?

« Ce que j’aime dans mon travail : durant des consultations, je peux prendre le temps d’écouter les parents, prendre en compte leurs attentes, leurs besoins, tout en respectant leur culture, leur mode de vie et les réassurer dans leurs capacités parentales. Je n’ai pas de « recettes toutes faites », mais je m’adapte à chaque situation en tenant compte des réalités de vie des parents. Le travail en équipe me plaît énormément dans ce métier, ce qui permet une réflexion pour une prise en charge ajustée des situations complexes. »

Vous souhaitez postuler pour devenir un Médecin Protection Maternelle Infantile et vous engagez pour donner du sens à votre travail et une dimension sociale ?

labelJe postule

Retrouvez le témoignage de Jean-Michel SEGRETIN, médecin autonomie  ondemand_videoVidéo

Échange avec Jean-Michel Segretin, médecin Autonomie

« Pendant 25 ans de médecine générale je pouvais apporter une réponse médicale pour mes patients, mais j’étais démuni quand ceux-ci rencontraient des problèmes de précarité, d’isolement ou de logements indignes. »

Quel est votre rôle ?

« En 2016 j’ai décidé de changer d’orientation et de devenir médecin Autonomie au Département de la Gironde. Je suis responsable d’une équipe médico-sociale qui comprend des travailleurs sociaux, des psychologues et un médecin. Notre rôle est d’évaluer la perte d’autonomie des personnes âgées et de proposer des solutions pour qu’ils puissent rester le plus longtemps possible à leur domicile.

Contrairement à la médecine libérale où l’exercice est solitaire, le médecin responsable autonomie travaille en équipe, où le croisement des regards entre les psychologues, les travailleurs sociaux est très riche. »

Que faites-vous comme mission ?

« Le médecin Autonomie représente le Département dans des instances territoriales dans le cadre du Contrat local de santé et sur des projets innovants (habitats partagés, solution de répit pour les aidants). Nous intervenons aussi sur les situations de maltraitance et pouvons faire des signalements.

Aucune journée ne ressemble à une autre : nous pouvons être dans une réunion de coordination autour d’une situation, en visite à domicile, à valider des dossiers d’Allocation Personnalisée Autonomie (APA) ou à participer à une réunion sur le logement indigne. »

Qui sont vos collaborateurs ?

« Nous travaillons aussi beaucoup en réseau avec les partenaires d’un territoire : les Maisons du Département des Solidarités, les CLIC, les plateformes territoriales d’appuis (PTA) de l’ARS, les professionnels de santé du territoire ainsi que les services d’aide à domicile. Nous avons aussi beaucoup de contact avec les centres communaux d’action sociale et les élus des communes rurales. »

Un exemple de situation traitée

« Un propriétaire a appelé la maison du Département des solidarités de Saint-André-de-Cubzac car son locataire de 67 ans dégradait son logement et semblait avoir des troubles psychiatriques. Après une visite commune avec l’assistante sociale, j’ai mis en place une APA en urgence ce qui a permis de bénéficier d’aide à domicile pour les courses, son linge et l’entretien du logement. J’ai aussi contacté la PTA et son médecin traitant pour mettre en place des soins infirmiers car ce monsieur diabétique avait une très mauvaise observance de son traitement. Ce monsieur n’a pas de troubles psychiatriques mais des troubles cognitifs débutants. Nous travaillons sur une mise sous protection (curatelle) et nous avons des pistes pour reloger ce monsieur qui est en danger chez lui du fait de la présence d’un escalier très dangereux. La présence de tous ces professionnels autour de lui a considérablement amélioré son état de santé. »

Vous souhaitez postuler pour devenir un médecin autonomie et vous engagez pour donner du sens à votre travail et une dimension sociale ?

L'éthique au quotidien
Priorisation des patients pour l’accès à la réanimation.

Depuis quelques semaines, l’afflux de patients non vaccinés contre la Covid-19 dans les services d’hospitalisation, en particulier en réanimation, amène insidieusement, au moment où la mise en place des plans blancs entraine des déprogrammations dans de nombreux services, des soignants à se poser la question de prendre en compte le statut vaccinal des patients Covid+ ayant besoin de réanimation, lorsqu’une priorisation des entrées devient nécessaire. D’après l’étude un jour donné de la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR), les non-vaccinés et ceux ayant des vaccinations incomplètes représentent en effet 80% des patients COVID en réanimation1. Une tribune publiée dans Le Monde du 22 décembre, signée par des réanimateurs de plusieurs hôpitaux du Sud-Ouest et des membres du comité d’Ethique du CHU de Bordeaux, pose la question en termes de justice et d’équité. C’est en effet un sentiment d’injustice qui peut surgir chez les soignants quand des patients non-vaccinés remplissent les lits au détriment d’autres patients vaccinés qui sont déprogrammés ou ne peuvent avoir accès à une hospitalisation nécessaire en urgence. L’exposé de cette question de manière explicite est essentiel pour susciter un débat et clarifier une situation qui risque, en son absence, de voir apparaitre des prises de décisions individuelles basées sur un jugement moral. C’est le but de cette tribune qui a permis l’expression d’un certain nombre de personnes comme le président de l’Espace Régional d’Ethique d’Ile de France, Emmanuel Hirsch3 et le président du CNOM Patrick Bouet qui s’est exprimé dans un débat du journal La Croix le 5 janvier 2022, disant qu’accepter de faire un tri entre vaccinés et non-vaccinés serait impardonnable et appelant à considérer l’humanité intrinsèque des français non-vaccinés lorsqu’ils tombent malades de la Covid-19 4. Dans son avis du 13 mars 2020, Enjeux éthiques face à une pandémie5, le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) considérait que « le contexte quel qu’il soit ne peut modifier les principes éthiques même si une situation inédite comme celle provoquée par la lutte contre l’épidémie peut contraindre seulement à les hiérarchiser provisoirement mais de manière argumentée et en toute transparence. »
 

Quelle que soit la situation, les critères d’entrée en réanimation sont essentiels pour permettre aux patients ayant le plus de chance d’en tirer bénéfice d’y avoir accès. Ces critères sont ceux de la Société Française d’Anesthésie et Réanimation (SFAR). Il s’agit de critères médicaux fondés sur les résultats d’études incontestables. Ils ont été élaborés par les professionnels, sont connus de tous et partagés de manière transparente. Rajouter le critère du statut vaccinal Covid-19 ne serait légitime que s’il était prouvé que les non-vaccinés ont moins de chance que les autres de bénéficier de la réanimation, ce qui n’est pas le cas (SFAR 22-12-2022)6. Utiliser le critère du statut vaccinal Covid-19 pour prioriser l’accès à la réanimation reviendrait donc à introduire un jugement moral ou à vouloir jouer les justiciers. Le code de la santé publique stipule qu’aucune personne ne peut faire l’objet de discriminations dans l’accès à la prévention et aux soins. La vaccination n’étant pas obligatoire, la liberté de ne pas se faire vacciner et d’en assumer les conséquences reste entière. Les personnes non-vaccinées participent comme les autres à la solidarité nationale en cotisant à l’Assurance Maladie. Leur droit à être soignées comme les autres ne peut leur être contesté. La SFAR souligne aussi que, même en cas de non-respect d’une obligation vaccinale, il serait hors de question de ne pas prendre en charge les patients. Dans d’autres domaines de la santé, on ne refuse pas de traiter le cancer du poumon du fumeur ni la cirrhose de l’éthylique parce qu’ils n’ont pas pris les mesures nécessaires pour sortir de leur addiction. Personne ne refusera d’opérer l’artérite du diabétique qui n’a jamais vraiment suivi son régime et son traitement. Mais, si leurs soins pèsent lourdement sur le budget de la santé, ces patients ne mettent pas en danger la vie des autres et c’est la grande différence avec ceux qui choisissent de ne pas se faire vacciner contre la Covid-19 qui mettent leur propre vie en danger mais aussi celle des autres, celle des plus fragiles dont les défenses immunitaires sont affaiblies et chez qui le vaccin est moins efficace.
 

Quoiqu’il en soit, la décision de sanctionner (ou pas) les non-vaccinés relève du domaine politique, (le gouvernement de la province du Québec veut mettre en place une taxe importante pour les non-vaccinés) et non du domaine médical.
 

Il nous faut donc rester sur le respect de l’article 4127-2 du code de Déontologie : (Le médecin doit) …soigner avec la même conscience toutes les personnes quels que soient leur origine, leurs mœurs et leur situation de famille, leur appartenance ou leur non-appartenance à une ethnie, une nation ou une religion déterminée, leur handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard.

  1. Statut vaccinal en réanimation. Audit « un jour en réanimation » le 29-12-21 . SFAR

  2. Pourquoi il est inenvisageable de ne pas admettre en réanimation les patients non vaccinés contre la Covid. Le Monde 22-12-2021 p.25

  3. Débat : serait-il éthique de prioriser en réanimation les malades Covid-19 vaccinés ? Emmanuel Hirsch, The conversation.com. 26-12 2021

  4. Patrick Bouet. Débat languagewww.la-Croix.com 5-01-2022

  5. CCNE : Enjeux éthiques face à une pandémie, 13-03-2020

  6. Recommandations SFAR 15-04-2020

Docteur Muriel Rainfray

Kiosque
Maman, je t’aime grand ! Chroniques d’un enfant autiste

Roselyne Baudoin

Les éditions du Panthéon, 2021, 252 pages, 18,90 Euros

Dans un témoignage lucide mais optimiste, l’auteur nous fait partager le quotidien d’une famille confrontée à l’autisme découvert chez un jeune enfant à l’âge de trois ans, après une pénible traversée dans les méandres médicaux. La nouvelle est un choc, mais le jeune garçon sera pris en charge de manière précoce, rendant ses différences aujourd’hui subtiles pour les inconnus.

C’est un message d’espoir que délivre ce récit, belle leçon de courage et de foi en l’avenir. Particulièrement émouvants sont les regards des autres, portés sur la différence, ainsi que l’attitude de certains médecins, des confrères de la maman.

Roselyne Baudoin est endocrinologue ; c’est aussi une belle plume grâce à un style d’une rare élégance dont la légèreté apparente ne nuit jamais à la gravité des propos.
 

Un témoignage au temps du Covid. 12 mars-14 juin 2020

Pierre Corvol.
Les Cahiers pour l’histoire de l’INSERM, n°3. 81 pages

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Pierre Corvol, Professeur de médecine et chercheur en endocrinologie, spécialiste de la rénine, est Président de l’Académie des Sciences lorsque survient l’épidémie de SARS-Cov2. IL décide alors de tenir un journal pour garder la mémoire des profonds bouleversements survenus dans le quotidien des médecins, des chercheurs et des membres de l’Académie. Dans ce journal d’un confiné on revient en effet sur les aspects purement scientifiques concernant le virus et l’épidémie qui sont partagés au jour le jour dans la communauté scientifique internationale mais aussi sur les aspects administratifs et sociétaux. Le rôle joué par les réseaux sociaux dans la propagation de vraies et fausses informations, les difficultés de mise en place des essais thérapeutiques et la question de l’intégrité scientifique en situation d’urgence sont abordés dans ce journal qui se lit comme une histoire policière dont on connait la fin mais pas forcément tous les épisodes.

Réunions colloques
Conférences Hippocrate

Mardi 8 février 2022, présentiel à Bordeaux

La folie à l’épreuve du droit, de l’Antiquité à nos jours. Alexandre Lunel et Cécile Castaing, modérateur Laurent Bloch.

Mardi 22 mars, présentiel à Bordeaux

Droits des malades dans tous ses états, vingt ans après.

François Vialla et Thérèse Psiuk, modérateur Laurent Bloch.

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CMGF 15eme congrès de Médecine Générale en France

24-26 mars 2022 à Paris


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